Part VI.A. Introduction (6/6)

Ici se termine le résumé de la tradition antérieure, basé sur les quinze premiers chapitres du livre de Daniel Heller-Roazen. Pour le moyen âge latin, le chapitre de son livre est insuffisant.

Pour étudier l’évolution du concept du sens commun au moyen âge, il faut d’abord présenter la documentation de base et dresser la liste des sources qu’on prendra en compte. Ensuite, on étudiera auteur par auteur avant d’essayer de dresser un tableau plus large.

Dans un premier temps, on se limiterai au XIIIe siècle, en prenant en compte les sources philosophiques, des traités aussi bien que des commentaires sur le De anima d’Aristote. Les commentaires sur les autres traités d’Aristote et les textes théologiques ne seront mentionnés que de temps en temps.

A l’intérieur du XIIIe siècle, on peut distinguer en gros trois périodes : la première allant du début jusqu’à 1250 environ, la deuxième comprenant la décade 1250-1260, la troisième couvrant le reste de ce siècle, de 1260 à 1300 environ. Ce découpage est bien entendu artificiel et sert surtout à manier plus facilement une liste de sources assez longue, mais on verra qu’il correspond aussi à certains traits communs.

Dans la première tranche, avant ca. 1250, j’ai décidé de faire une place pour Dominicus Gundissalinus, bien qu’il précède d’une trentaine d’années le début du XIIIe siècle, parce que son Tractatus de anima transmet l’enseignement d’Avicenne et peut être considéré comme une source importante pour les auteurs ultérieurs (même si on ne peut pas être sûr que la connaissance qu’ils ont d’Avicenne vient de lui). D’autre part, pour le tout début du XIIIe siècle on a si peu de textes qu’il m’a semblé utile de faire mention d’Alfred de Sareshel, bien que son ouvrage ne contienne qu’une seule phrase à propos du sens commun.

On reviendra sur les caractéristiques des textes retenus à la fin du dossier, après la présentation détaillée de chacun d’entre eux, dans le résumé qui tentera de donner une idée globale du l’évolution du concept.

Bien entendu, prendre le sens commun comme sujet central implique la nécessité de le localiser dans l’ensemble des autres sens, les sens propres d’un côté, les sens intérieurs de l’autre. On pourrait considérer que les autres sens intérieurs, par exemple l’estimation ou la mémoire, sont plus intéressants du point de vue moderne, en particulier dans le contexte de la théorie de la connaissance. Cependant, il me semble que le sens commun joue un rôle central : c’est lui qui transmet les sensations corporelles à ce que nous considérons comme « le cerveau » ; il est le lien entre les sensations et leur interprétation. Et, contrairement à ce qui se passe dans le cerveau, on peut percevoir les sensations dans notre corps. On peut ressentir les actions du sens commun, les images complètes qu’il nous fournit (par exemple d’un homme habillé en blanc qui chante), mais aussi éprouver la conscience que nous sentons et la jouissance de se sentir vivre. Les émotions commencent au niveau de ce sens et poursuivent leur chemin à travers la représentation, l’imagination, l’estimation et la mémoire. La frontière est entre ces sens intérieurs et l’intellect, là où les animaux ne nous suivent plus (sans doute).

 

 

Les notices consacrées à chacune des sources (C 1-27) comprennent en principe le texte latin, la traduction ou un résumé en français, la liste des thèmes traités et un bref commentaire. Dans certains cas il m’a semblé inutile de reproduire le texte latin, dans d’autres je me suis bornée à une sélection de passages.


 

 

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